i met you at the end of the world (O/K)

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I thought the stars in the sky and in my eyes have lost their shine
But just like a lifeline right on time, I met you at the end of the world
@ocean ruskin

Le soleil commençait à tomber sur la ville, mais la belle néo-zélandaise n'en avait pas eu conscience, plongée dans son écriture, puis dans un livre. Tranquillement à profiter de cette journée de congé, la première en dix jours, ce qui avait fait en sorte qu'elle n'avait pas vu son colocataire depuis près d'autant de jours, comme s'ils étaient sur deux fuseaux horaires différents. Kerry ne pouvait se mentir, elle aurait bien aimé retrouver Ocean en revenant de faire les courses, mais les chances étaient minces en ce vendredi soir. Il devait être sorti, elle ne pouvait lui en tenir rigueur. Mais au moins, elle avait toujours la compagnie de son chat Elsie qui semblait faire les cent pas dans l'appartement, peut-être que le brun lui manquait autant et qu'elle le ressentait. La brune fut tenté d'envoyer un message pour lui dire qu'elle avait fait les courses, ce qui lui donnerait aussi un signe de vie par la même occasion, mais elle s'y refusa. Se trouvant pathétique de s'attendre à retrouver le brun dans leur appartement. Elle soupira, lançant son téléphone sur son lit, seul objet qui puisse ne pas être à sa place dans la chambre minimaliste, mais chaleureuse de Kerry. Se refusant toujours à la laisser en désordre. — Elsie, vient. dit-elle à son chat qui la regardait au pas de la porte de la chambre du brun. — Il va revenir bientôt. ajoute Kerry pour rassurer son chat qui finalement rejoint sa chambre. Kerry se retrouvant souvent à réconforter son chat qui attendait Ocean et vice-versa lorsqu'elle était absente. Comme un enfant ayant besoin d'être entouré de ses deux parents.
Mais la brune n'allait pas forcer le retour de son meilleur ami, après tout, il méritait de décompresser comme bon lui semblait, ils ne se devaient rien et Kerry était bien heureuse s'il pouvait trouver un semblait de paix d'esprit, même si c'était sans elle. Il méritait tout le bonheur du monde et elle serait toujours à ses côtés pour le lui rappeler. Elle sortit de sa chambre pour aller se chercher une autre tasse de thé et se remettre la tête dans son livre. Dernier chapitre. L'appartement silencieux, elle sursauta légèrement au son de la clé dans la serrure et le miaulement de son chat. Avant même que la brune puisse faire quoi que ce soit, elle vit la porte de sa chambre s'ouvrir et le brun avec qui elle partageait cet appartement se jeter sur son lit en soufflant. Kerry ne bougea pas une seconde et le regarda, arquant un sourcil. — Que puis-je pour vous? lui demanda-t-elle en attendant des détails alors qu'Elsie ne se gêna pas pour les rejoindre sur le lit, finalement réuni.

Journée qui défile au même rythme que l’éternité, le début tracé pour une fin qui ne semble pas se laisser apercevoir malgré les efforts afin de la voir arriver, en vain. Le sac à dos abandonné sur ses épaules, celui qui pend et qui serait prêt à tomber si le brun ne prenait pas la peine de le faire revenir dans sa position initiale. Sac à dos aux allures d’une vie écoulée, celle appartenant à Ocean, toujours à se faire tomber vers le bas avant d’être récupéré par une âme charitable. Jamais l’occasion de toucher le fond, lui, gamin divin, toujours ramené au sommet, les regards attardés sur sa personne qui le supplient de briller. Gamin qui éblouissait les âmes de sa joie, qui marquait les cœurs de son rire, qui tatouait les âmes de son sourire scintillant. Devenu fantôme, le sourire qui n’est plus aussi réel qu’avant, qui n’a plus la profondeur d’antan. La lueur abandonnée, laissée sur cette plaine face à un corps glacial, marqué par cette douce amante : la mort. Bon acteur, on ne s’attendait pas à moins de lui. Il joue le rôle d’un gamin heureux, remis d’un traumatisme dans lequel baigne encore son âme. Le sourire instinctif, l’action répétitive parce que c’est ce qu’on attend de lui : on espérait revoir ses lippes s’étendre, Ocean n’a donné au peuple que ce que le peuple voulait. Ses désirs mis en terre, lui et sa vérité niée, lui et ses démons qui grondent. Journée à l’université qu’il maudit au fond de son être, les cours barbants et le sommeil manquant. Au fond de la salle, la main maintenant la tête pour ne pas qu’elle tombe et que le bruit ne réveille toutes les âmes endormies présentes dans les alentours. Ocean reste secret et silencieux, se retrouve dans cette existence rendue fantomatique et ombrageuse. Lorsque personne ne fait attention, il n’a plus à prétendre, peut se perdre dans ses pensées les plus sombres sans avoir la peur qu’on découvre une noirceur dans le fond de ses prunelles.
Le cocon bientôt retrouvé, lui qui arpente les rues et qui frôlent le bitume de ses pompes abîmées. Il se perd dans les soupirs des autres, dans les sourires fait pour témoigner un signe de politesse auquel le brun répond instinctivement. Peut-être perdu, certes, mais il refuse que les autres perdent la façon de le percevoir. Il veut demeurer dans les esprits des autres en étant cette présence solaire et éclatante de vie, bien que celle-ci semble l’avoir quitté, emportée par le courant. Clé enfoncée dans la serrure, le brun qui se sent enfin respirer. Il n’a pas l’envie de sombrer dans son coin, à crier dans ses coussins pour ne pas alerter Kerry. Il n’a pas l’envie de se morfondre dans le salon ou la cuisine, ni de se noyer sous les gouttes brûlantes de la douche – de plus, il n’a pas envie d’offrir une douche froide à la brune lorsqu’elle ira se laver, étant donné qu’il gaspille chaque goutte d’eau chaude existante. Alors, l’instinct le guide vers cet antre, celle qui lui permet de se sentir en sécurité. Il s’abandonne sur le lit de la belle, laisse son corps se dessiner sur son matelas avant de sourire à l’entente de sa voix. Le regard qui se lève vers elle, le menton qui fait face au plafond afin de la voir à l’envers, elle et sa beauté restée éternelle, peu importe l’angle qu’on prend pour l’observer. Elle et ses traits qu’il aime caresser, elle et le son de sa voix qu’il a tant désiré entendre aujourd’hui. « Tu pourrais me donner ta main, pour commencer. » Parce qu’il a besoin de sentir son épiderme contre le sien, besoin de sentir sa chaleur pour combler cette froideur qui emplit son être. Le chat termine par les rejoindre, se blottit entre les deux corps et vient faire sourire Ocean davantage. L’impression d’avoir été vide toute la journée se dissipe, lui désormais bien entouré. Il tend sa main vers la belle, lui sourit sincèrement sans la quitter du regard avant de le laisser plonger vers le plafond, bien moins intéressant que les traits et les prunelles de la belle. « J’ai voulu tenir ta main toute la journée, mais je n’ai pas pu. J’ai besoin de sentir ta paume contre la mienne. » Et de sentir tes doigts se mêler aux miens, qu’il laisse taire, mais qu’elle finira par comprendre.

Le temps qui s'écoule se fait entendre par l'aiguille de l'horloge posée dans l'appartement entre les deux chambres, celle d'Ocean, toujours vide et la sienne, que Kerry tente de rendre vivante par toutes les activités possibles. Son regard se dirige malgré tout vers l'horloge à mesure que les aiguilles avancent et que les secondes semblent s'écouler comme un grain de sable dans un sablier infini, interminable et décourageant. Elle soupire et ferme les yeux sur son livre, bien posé entre ses jambes et Elsie couchée à ses côtés comme si elle l'accompagnait dans son énième lecture de Pride and Prejudice de Jane Austen. Elle était un cliché sur deux jambes sans aucun doute, du moins c'est l'image que la brune semblait donner au monde. Et ils semblaient tous y croire, ce qui lui facilitait la vie dans un sens. Ils y croyaient, mais pas lui. Ocean savait la lire comme s'il l'avait ficeler lui-même, et elle pareil pour lui. Une rencontre inattendue qui avait changé la vie de la belle, et depuis les deux dernières années. Maintenant, elle avait du mal à s'imaginer ce qu'avait été sa vie sans lui. Même si la brune ne voulait pas se l'avouer, sa présence lui manquait et laissait un vide malgré qu'ils se retrouvent sous le même toit. Ils n'avaient pas eu de moment libre rien que pour eux depuis près de deux semaines, et la présence du brun aux airs ténébreux laissait un vide, non seulement physique, mais au plus profond de son être. Chose qu'elle n'avait partagée avec personne. Comme un interdit, mais qui était pourtant si évident à quiconque les voyait ensemble. Et quiconque les voyait l'un sans l'autre. Kerry pourtant revêtirait toujours de ses plus beaux sourires, en gage de protection.
Lorsqu'elle entend la clé dans la serrure, elle sursaute, mais reste silencieuse, ne voulant pas déranger l'arrivée de son colocataire, à savoir que peut-être, il voudrait se retrouver lui aussi seul dans sa chambre et ne pas avoir à faire au monde, même si c'était elle. Lorsqu'elle entend la porte de sa chambre s'ouvrir et aperçoit ses boucles brunes atterrir à ses côtés, Kerry réprime toute réaction et reste impassible, malgré son envie de sourire à la façon d'Ocean de faire son entrée dans sa chambre et puis de la regarder. Après un instant, elle décide de poser son livre sur la table de chevet et de porter toute son attention vers lui, amusée par sa façon de la regarder, elle se laisse se perdre dans ses yeux puis s'installe à ses côtés. — Oui, c'est une option qui se vaut. lui répond-elle en posant sa paume contre la sienne, sa petite main facilement entourée par celle du grand brun, elle contemple leurs mains silencieusement, comme on observe une toile ou encore un chef d'oeuvre exposé dans un musée, sous tous ses angles, pour s'en imprégner, afin de ne jamais oublier cette sensation, qu'elle ne la quitte jamais. — Rien qu'aujourd'hui? lui souffle-t-elle, tournant sa tête vers lui pour se raccrocher à son regard, la chaleur de sa paume contre la sienne, réchauffant à la fois son coeur et lui procurant ce sentiment de sécurité et de bien-être que seul lui savait lui donner.

Il sent le poids d’une journée entière se dissiper à la minute où il s’allonge sur ce matelas qui n’est même pas le sien. Ses maux disparaissent dès que le son de sa voix résonne dans la pièce, si bien que ce son lui arrache un sourire délicat dont lui seul a le secret. Ici, le garçon se sent enfin à sa place. Entouré de la brune et de son amour éternel, de cette affection dont le brun ne pouvait se passer. Là, prêt d’elle, la chaleur de son corps contre le sien et la boule de poil venant s’immiscer entre les deux silhouettes à l’attraction bien trop puissante. Le garçon qui demande sa main, l’envie de la sentir encore plus proche d’elle, de savoir que sa peau entre en collision avec la sienne, de savoir qu’elle est là, tout prêt et qu’elle ne s’envolera pas. Ocean qui se fait moins tactile avec le temps, mais qui ne peut s’en empêcher lorsque Kerry entre en jeu. Parce qu’il a besoin d’elle, besoin de sa présence à ses côtés, besoin de savoir qu’elle ne partira pas de sitôt – si pas jamais. Lié pour l’éternité, les promesses nocturnes ne sont pas faites pour être brisées. Elles sont tenues jusqu’à ce qu’ils entrent dans le sommeil éternel. Les mots prononcés avant que sa paume ne rencontre la sienne, le sourire du garçon qui s’étire à ce contact si précieux, mais pourtant pas si rare. Il observe la brune, la remercie d’offrir sa main avec autant de facilité avant de jeter son dévolu sur la fine main de la gamine. Douce, si bien qu’on pourrait croire qu’il caresse celle d’un ange. Il ne se lassera jamais de ces caresses et de ces contacts dont il se délecte. Il entoure celle-ci de la sienne, la préserve et la serre légèrement comme pour lui supplier de ne pas se dégager. Il termine par poser ses prunelles dans les siennes, sourit à ses mots comme si la réponse n’était pas évidente. « À ton avis, Kerry ? » Soufflé dans le silence qui règne, entre les regards s’éternisant l’un dans l’autre, dans cette tension palpable. Il amène leurs mains à ses lèvres, dégage la sienne avant de déposer un baiser sur la main de la belle, sourit sur celle-ci tout en maintenant ce regard bouffé par la tendresse et l’amour qu’il lui offre avec un plaisir et un naturel sans égal. « Avec toi, il n’y a rien qui dure qu’un jour. Tout est sur la continuité. Tu rends les choses éternelles. » Il reprend sa main dans la sienne, la caresse de son pouce en souriant de façon taquine. L’affection ressentie pour la belle est palpable dans la pièce entière tellement elle est forte. « Alors non, pas qu’aujourd’hui. » Comme amusé, il l’observe sans dire un mot. Silencieux, pourtant tant est dit lorsqu’on observe ses prunelles brûlantes. « Comment a été ta journée ? » Moins désagréable que la mienne, je l'espère, que le gamin se retient de dire. Il reste secret sur cette énième journée déprimante : il ne les compte plus avec le temps.

Kerry ne comptait plus les moments passés avec Ocean dans l'appartement qui était devenu avec le temps, leur monde, leur bulle de protection contre le monde. Qui d'ailleurs n'enterait pas qui voulait chez eux. Ils gardaient cet endroit comme un jardin secret, interdit à tous sauf eux, qui en avait la clé et se retrouvait alors que tout l'univers était contre eux. Kerry entrait et pouvait sentir la présence du grand brun au regard indescriptible. Les limites n'étaient pas présentes, elle pouvait entrer dans sa chambre, il la retrouvait souvent à porter ses chandails et Kerry trouvait souvent des notes laissées sur son bureau, Ocean ayant un talent avec les mots qui coupait le souffle de la brune, à chaque fois. Mais bien qu'elle protégeait le fort pour lui ce soir, elle avait été dans sa chambre lui prendre son chandail à manches longues favori, qui sur elle ressemblait à une robe et dans lequel elle flottait, mais le parfum du brun emplissait sa chambre et lui donnait au moins l'impression que son colocataire n'était pas bien loin. Juste le temps de pouvoir plonger son regard dans le sien. Juste une autre fois. Il avait cette façon de faire battre son coeur à tout rompre par un simple regard, un regard que Kerry lisait, ou elle voyait tous ses non-dits, ses envies, ses désirs, pour lui, pour elle, pour eux. Ses joues devenaient rosées sans faute dès qu'il la regardait de cette manière. Dès que la présence d'Ocean se fit ressentir, son attention se dirigea vers lui. Comme un aimant. Jamais personne ne saurait comprendre ce qu'ils étaient et Kerry comprenait finalement ce que les autres disaient que certaines relations sont indescriptibles. Lui qui était si doué avec les mots en serait-il même capable? Kerry en doutait. C'était trop. C'était tout. Everything, always.
À la réponse de son colocataire, la brune rougit et se met à sourire, sourire qu'il lui décrochait si facilement, son regard et puis son sourire qui avaient conquis son coeur dès leur première rencontre. Kerry et Ocean. Ocean et Kerry. Plus jamais l'un sans l'autre. Pour le meilleur et pour le pire. Comme les deux côtés de la même pièce. Kerry ne répondit pas à sa question, mais se mit à rire légèrement, ne quittant jamais son regard. Un frisson la parcourt lorsqu'elle le sent serrer sa main dans la sienne et qu'il y dépose par la suite ses lèvres. Si Kerry ne connaissait pas ce sentiment, elle aurait l'impression que son coeur exploserait. Choses éternelles, Kerry sait qu'il le pense. Car le brun ne mentait pas sur ce genre de choses. Il ne parlait jamais de choses à long terme. Sauf avec elle. Lui et elle, à jamais. Néanmoins, sa réponse lui fait du bien et la rassure, ses joues toujours rougies. — C'est bon à savoir, je prends en note. lui répond-t-elle en lui donnant un sourire amusé, son regard complice. Kerry reprend sa main en s'installant à ses côtés et qu'il lui demande comment sa journée a été. — Bien, même si ça été long de garder le fort toute seule. lui dit-elle honnêtement, retournant son regard vers lui, plongeant ses prunelles dans son regard clair dont elle n'aurait jamais assez, alors qu'ils sont tous les deux couchés un à côté de l'autre sur son lit qu'ils partagent avec Elsie bien qu'elle s'éloigne en voyant qu'elle n'aurait pas d'attention. Kerry reste silencieuse, ses yeux marron brûlant de tout ce qu'elle ressent, ses yeux qui disent tout pour elle, en réponse à ceux d'Ocean qui cherchent cette réponse et les mots ne sont pas nécessaires. Ils sont sur la même longueur d'onde. La brune se rapproche naturellement et se retrouve assez tôt à poser son front contre celui du beau brun. — Et toi? lui chuchote-t-elle, en caressant sa main de son pouce à son tour, toujours à la recherche de plus de proximité.