The card's cheat (Darlew#1)

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And not waking from these dreams
'Cause it's never dead
It's still my head
It was a war zone in my teens
I'm still standing on that street
Still need an enemy
The worst ones I can't see
You can, you can »

Llewellyn avai ttoujours aimé les fêtes foraines, probablement parce que quand il était enfant, enfin, à partir de ses dix ans, elles avaient eu un arrière-goût d'interdit. Il n'avait eu que rarement le droit d'y aller. En un sens, ça l'avait toujours agacé, déjà parce que ses parents, surtout son père, n'était pas forain, mais Traveler. Il y avait là une différence qui échappait à nombre de personnes. Il s'en moquait bien.
Il avait recommencé à venir une fois adulte, dès qu'il n'avait plus eu de comptes à rendre à quiconque, souvent avec une partie de ses camarades. Le temps avait fini par passer. Il était parti en déploiement. Il était revenu et depuis, il venait, à l'occasion. Il avait une petite cabane - enfin, c'était un mélange de cabane et de tente - à l'intérieur de laquelle il tirait les cartes sous le nom de Bonnaventure Wyrd. Il ne pouvait pas jouer à cela avec son nom. Cela le décrédibiliserait dans son travail après tout. Bien entendu il ne faisait pas ça sérieusement. Il gagnait simplement de quoi conserver son emplacement. Le reste servait soit d'argent de poche pour ses enfants, soit il faisait des dons à des associations.

Il était quasiment impossible de le reconnaître lorsqu'il se grimait en Bonnaventure. Il s'habillait d'une chemise blanche plutôt ample, qui faisait très dix-neuvième siècle, d'un gilet noir brodé de perles colorées. Un noeud papillon noir venait compléter le haut de sa tenue. La plupart du temps, il portait soit un chapeau, soit une perruque brune. Il n'était pas non plus un as du déguisement, mais dans ces circonstances, les gens se focalisaient plus sur les cartes que sur lui. Tout le reste n'était que jeu d'acteur. Car Bonnaventure n'était qu'un rôle après tout. Même son nom était une farce en soit. Wyrd. Le destin dans les runes nordiques. Il arrivait à parler un ou deux tons plus bas que sa voix normale, s'il n'avait pas de longs discours à faire.
Quand à ses clients, il arrivait généralement à les juger à leur entrée. Il y avait trois catégories. Les vantards. Celles et ceux qui étaient persuadés de savoir mieux que lui ce qui allait sortir. Ils entraient comme en terrain conquis. Les niais. Celles et ceux qui ouvraient des yeux grands comme des soucoupes, persuadés qu'il allait se passer quelque choses d'extraordinaire. Les sceptiques, attirés par l'idée, mais trop cartésiens pour réellement y croire.
En général, il faisait tourner les premiers en bourrique. Les deux autres, cela dépendait de leur requête, de leur façon d'être. Llew n'était pas quelqu'un de mesquin, Bonnaventure non plus. Mais il aimait aussi s'amuser. De toute façon, les cartes ne mentaient pas.

Il aimait ces soirées faussement calmes. Il aimait la folle ambiance de la fête foraine, cette joie de vivre qui s'en échappait. Il n'y avait là que du bonheur. C'était ce qu'il appréciait par dessus tout.
Il flottait dans la cabane une légère odeur boisée, mêlée de vanille, qui émanait de l'encens qui brûlait doucement dans un coin de la pièce. Un miroir habilement dissimulé au-dessus de l'entrée lui indiqua que quelqu'un arrivait.
« Entre donc, toi qui hésite sur le seuil. Viens poser la question qui te taraude à Bonnaventure. »

w/ @darell fiker

La fête foraine lui rappelle sa mère, parce que dans cette histoire, elle est celle qui préfère le plus l'ambiance. Lui s'y est fait, comme on se fait à certaines choses, en fermant les yeux et en espérant que ça passe, jusqu'à ce que la sensation deivenne si famillière qu'elle fait maintenant partie de lui. Comme une chanson qui aurait tellement tourné sur son disque, qu'il est forcé d'en apprécier chaque parole, le genre qu'on connaît par coeur  sans s'en rendre compte avant que résonnent les premières notes. Il avance comme un poisson dans l'eau entre les stands, les mains dans les poches et nullement dérangé d'être un adulte dans un monde d'enfant. C'est un amour mélancolique, un voyage dans le temps qui le rassure. Il mangeait des gauffres avec ses parents et le reste de sa famille et puis il allait pêcher les canards ou tirer sur les ballons de baudruches, dans l'espoir que la grosse peluche, celle qui fait bien la moitié de sa taille, soit décrochée pour lui. En grandissant, il a eu le talent pour, mais il n'a jamais gardé ses trésors, sacrifiés sur l'autel de la romance pour des petites amies qui doivent se consoler contre elles maintenant. Parce qu'il n'est plus celui qui a ce privilège.

Un brin morose, il se laisse trainer ses godasses et tire sur les cailloux qui se traversent la route sous ses yeux. Son ami Stan est quelque part, sans doute à essayer de lui trouver une nouvelle dulcinée, donc il ne voudra pas et qu'il ne gardera qu'une semaine. Il voudrait s'engager, mais il y va trop fort, trop rapidement et se brûle les ailes. Bercé aux histoires sérieuses, Darell a depuis un moment cramé ses chances pour aller en Paradis en brisant le rituel ; pas avant le mariage.  Sans doute qu'il est maudit, il agresse ses narines avec les encens et possède diverses objets sensés chasser les mauvaises énérgies, mais le mauvais sort ne se conjure pas. C'est un professionnel dont il a besoin. Diffcile de trouver son bonheur ici, il s'arrête tout de même devant la tente d'un tireur de cartes sans se fier au pseudonyme. Il sourit sans rire, intrigué tout au plus. Dare se doute bien qu'il faut se vendre et entretenir le mystère, il est charmé par cette atmosphère et passe la tête. Convaincu par le décor parfaitement entretenu, le costume aussi est parfait. Il n'arrive même pas à imaginer la personne derrière et c'est assez perturbant, parce que lui dans cette situation, il se sent plus nu que nu. Il y croit dur comme fer, les cartes le connaissent mieux qu'il se connaît lui même. Il n'a rien a perdre, tout à découvrir, si c'est un charlatant il ne le saura jamais de toute façon. Il suit la voix et vient s'installer en face. Il renifle bruyamement et ne retient pas son commentaire. « Ca sent vraiment bon... » La vanille, c'est un de ses parfums favori. Il n'en achète pas assez des encens comme ça, parce que ceux qui sont efficaces sont ceux qui puent il semblerait. Dare s'éclaircit la gorge et croise ses mains, nerveux, elles sont déjà moites. Un vrai gosse quand il s'agit de demander quelque chose, c'est un miracle qu'il décroche des contrats. Heureusement que les réseaux ont fait sa renomée et qu'il a juste a caler des rendez-vous... « Vous lisez l'avenir c'est ça ? Je peux poser une question ? Co..Comment ça se passe ? » Le stress lui fait mordre dans sa lèvre inférieure avant qu'il ne se reprenne, de peur que le geste soit assez mal interpêté. No I'm not horny, I'm shitting myself

w/ @llewellyn sheridan

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Llew s'attendait à tout sauf au commentaire de l'inconnu sur l'odeur. D'ailleurs, il a même du mal à ne pas rire. Ce n'est pas pour se moquer. Mais l'accent de sincérité dans la voix du visiteur a quelque chose de raffraichissant. Cela le changeait agréablement des ados moqueurs et des adultes sceptiques. Il laisse l'homme approché. Sa maladresse et sa gêne ont quelque chose de touchant. Il sourit à la triple question de l'homme. Il lui fait signe de prendre place sur le siège capitoné face à lui.
« Cela fait déjà trois questions... »
Il le voit se mordiller la lèvre. Bon sang, ce gars est une vrai pelote de nerf. Un indécis pur et dur, un peu perdu. Le genre que les charlatans catégoriseraient directement comme un pigeon idéal.
« Détendez-vous, ce n'est ni un examen ni un interrogatoire. »
C'est ce qu'on appelle une déformation professionnelle.
« Ce n'est pas exactement cela. Les cartes me font passer un message en fonction de la question que le visiteur souhaite poser. »
Ce n'est pas comme dans les films ou les bouquins. Pas trop d'esbrouffe avec Llewellyn. Même si quelque fois, il en joue parfois un peu.
« Vous devez réfléchir à votre question. Une fois qu'elle sera formulée, je commencerai à battre les cartes, tout en demandant aux esprits de veiller sur ce tirage. Vous l'énoncerez à voix haute. Et ensuite je tirerai les cartes. Une fois ces dernières sorties, eh bien, il ne me manquera plus qu'à traduire leur message. »
Il sourit à l'homme. Llew décide de réellement lui tirer les cartes, sans triche, sans interprétation farfelue. Il y a quelque chose de touchant chez cet inconnu.
« Il va me falloir votre nom. Enfin, votre prénom. »
Le nom complet n'est que purement accessoire après tout. Il se moque qu'il donne un vrai prénom ou un faux. Tout ce qui compte, c'est qu'il énonce sa question avec conviction.
« C'est vingt livres le tirage simple. »
Il fait assez souvent payer à la tête. Mais la journée a été bonne, alors, il réduit un peu le prix. Après tout, il ne fait pas ça pour l'argent. Il sourit de nouveau.
« C'est quand vous souhaitez. Si vous le souhaitez toujours, ce n'est pas une obligation. »
Après tout, ce n'est jamais qu'une foire. Ce n'est pas un pacte avec un esprit ou avec le diable. Il est libre de partir si jamais il ne veut pas savoir ou pense que c'est réellement du chiqué.
« Est-ce que c'est une peine de coeur qui vous amène ici ? »
Pas besoin du troisième oeil pour émettre cette hypothèse. Cela fait partie des grands classiques, même si ce sont souvent des femmes qui posent ce genre de question. De manière général, Llew voit passer beaucoup plus de femme que d'autre. Mais il y a chez cet inconnu cette espèce de mélancolie qu'on ceux que l'amour a laissé sur le bas côté. L'amour, c'est capricieux. C'est un animal fragile et compliqué à apprivoiser. Il en sait quelque chose, Llew.

w/ @darell fiker

« Oh, pardon. » S’empresse t-il de bafouiller quand la personne lui fait remarquer que sa question en contient en réalité plusieurs. Darell ne sait pas être concis, il assomme souvent les gens  par ses mots. Par peur de ne pas arriver à dire tout ce qu’il pense, il crache ses mots, se lance dans un marathon où ses idées défilent à toute berzingue, au cas où il arrivera à bout de souffle avant d’avoir pu finir. Sa timidité le fait changer d’avis en cours de phrase, réaliser soudain qu’il est peut-être en train de s’engager sur un territoire personnel et pour ne pas regretter immédiatement ses paroles, il brasse. Brasse l’air, brasse les mots et une fois qu’il a tout jeté dans le vent, il laisse les gens se débrouiller avec ça. De cette manière, on oublie la moitié de son discours et il ne s’en formalise pas, fait comme ci de rien n’était car le pire serait de faire remarquer qu’il manque une partie. Sous les conseils avisés du voyant, il fait l’effort de se détendre et pose ses mains à plat sur la petite table. Inspiration, expiration, comme lorsqu’il médite afin de retrouver la paix intérieure. On se moque toujours de lui quand il parle de sa passion pour le yoga, sortie de nulle part - surtout d’un add youtube. Pour lui, ça a changé son existence. Enfin il arrive à calmer le torrent d'émotion qui l’emporte.
L’amour, c’est toujours pour ça que les gens viennent, il suppose, ainsi que l’argent. Les deux grands classiques, les sujets de conversations auxquels il a le plus souvent droit. Nul besoin de s’apeller Sherlock pour le deviner et cela doit expliquer pourquoi le voyant trouve si facilement son point faible. Ou alors, cela se voit sur son visage qu’il est un romantique éperdu, rêvant de rencontrer sa princesse pour s’enfuir avec elle. Il fantasme beaucoup l’amour, Darell. Il veut en avoir le coeur net : Va t-il un jour faire mouche ou est-il condamné aux relations en pointillés ? Si c’est le cas, il saura à quoi s’en tenir. Il a des amis en or, un job qui lui plaît même si il l’épuise de temps à autres, que l’inspiration n’est plus au fixe. Malgré tout, il reste un homme épanoui ne manquant de rien, entouré par des personnes qui lui veulent du bien. Sauf que ce n’est jamais assez. Ses draps froids sont son plus grand malheur, il a tout cette affection à donner qu’il est difficile de garder pour lui tout seul.
« Merci pour les explications, c’est très clair. Je m’appelle Darell. » Il sort l’argent de ses poches et donne l’avance à Bonnaventure.  Cette fois, sûr de lui. Il a été mit en confiance et se montre déjà plus à l’aise.  « Je veux savoir à quoi ressemble l’amour de ma vie. » La question est hautement stupide. Il aurait pu demander, quand va t-il le rencontrer, si il va vraiment le rencontrer. A la place, il se dit que les cartes pourraient le peindre un portrait, un profil à rechercher  pour prendre le taureau par les cornes, en l'occurrence le destin.  « C’est pas vraiment une peine de coeur... pas qu’une an tout cas. C’est plus compliqué que ça, je suis un peu naze avec les filles. » Il se pince les lèvres. C’est un inconnu qui ne va pas le juger, et même s’il se fait un rapide opinion sur lui, Dare ne peut pas aller contre. Oui il est un lover, il ne peut pas le nier.


w/ @llewellyn sheridan

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Llew explique courtoisement comment le tirage va se passer tout en essayant de rassurer l'homme face à lui, et surtout de l'amener à se détendre.
« Eh bien, enchanté Darrell. »
Une peine de coeur, c'était plutôt évident, après tout. Llew le remercie pour les vingt livres. Llew s'autorise un petit sourire.
« Les histoires d'amour sont toujours compliquées. »
Il est plutôt bien placé pour en parler avec son mariage qui s'est cassé la gueule mais pour autant, cela ne l'a pas rendu plus amer ou fermé. L'amour, c'est quelque chose de compliqué, mais qu'est-ce qui ne l'est pas au fond ?
« Eh bien, nous allons voir ce que les cartes perçoivent pour vous, Darrell. »
Llew attrape ses cartes et les fait défiler dans ses mains, face vers la table. Les yeux fermés, il ressent chaque carte. Il fait ainsi défiler tout le paquet.
« .Bien, vous êtes sûr de votre question ? Alors, répétez-la. »
Il attend que Darrell répète et commence à battre les cartes pour les mélanger, avec la dextérité née de l'habitude. A voix basse, il commença par déclamer sa prière rituelle pour que le tirage se passe sous les augures bienveillantes.
« Je demande que le pouvoir des Sidhes me bénisse et étende sa bénédiction sur ces cartes. Je demande que Dagda, Père puissant, Père de Tous qui gouverne la divination et les consultations avisées, bénisse ces cartes. Celles-ci vous honorent. Je vous honore. Je demande des conseils et la vérité. L'éveil et la clarté. La force et le courage. Pour apporter des changements s'il y a lieu. Je consacre ces cartes dans l'intérêt supérieur de tous. Que seul le bien entre ici. Puissé-je accomplir des actions vertueuses. Qu'il en soit ainsi. »
Il répète plusieurs fois la prière. Pendant qu'il mélange, trois cartes sautent alors il les met de côté. Puis, il cesse de battre le jeu et pose la question de Dare à voix haute. Il tire ensuite les cartes qu'il vient déposer selon la forme dite "croix de saint Patrick", un x. Les trois cartes ayant sauté sont juste devant lui.
« Eh bien, les cartes sont bavardes aujourd'hui. Voyons voir un peu ce que nous avons. »
Il retourne en premier les cartes qui ont sauté.
« La Mort, à l'envers, ce qui signifie que c'est un commencement. L'Ermite, être en phase avec soi-même. Le Magicien, la maitrise, l'initiative... On dirait que ces cartes vous représentent vous. C'est une nouvelle occasion qui s'offre à vous, en étant vous-même, fidèle à vos valeurs. Qu'il vous faut oser. »
C'est plutôt clair pour ces cartes. Il prend quelques secondes avant de retourner les cartes qui composent la croix.
« Le quatre de pentacles retourné. Le sept de pentacles à l'endroit. Le Chariot à l'endroit. La Dame de Pentacles à l'endroit. Les Amoureux à l'endroit. »
C'est un tirage assez intéressant, peut-être un peu léger pour cerner totalement une personne. Il prend le temps d'analyser les cartes en silence avant de reprendre la parole.
« Il s'agira d'une personne généreuse, peut-être même très tournée vers les autres. Patiente... Peut-être quelqu'un travaillant dans le domaine médical, en tout cas, il y a de fortes chances que ce soit un métier qui l'amène à être en contact avec d'autres personnes. Quelqu'un avec un caractère bien rôdé, qui ne laisse pas grande place aux doutes. Une personne prudente avec la richesse... Mmh... Je dirais quelqu'un qui ne serait pas matérialiste, si l'on fait le lien avec le reste. Et enfin... Quelqu'un qui agit avec le coeur plutôt qu'avec la raison. »
Llew sourit à Darrell.
« Est-ce que cela répond à votre question ? »
Ce n'était pas tant un portrait physique que plutôt psychologique. Mais c'était assez cohérent.
« Si une autre question vous vient à l'esprit ou que vous voulez préciser votre question initiale, vous pouvez le faire. Cela fera partie du même tirage. »
Après tout, ce n'était pas non plus très clair, il en convenait.

w/ @darell fiker

Dare répète sa question à voix haute, pour que les esprits qui se chargent de tout ça ne confondent pas avec le demi-milliards d'autres questions qui le chagrinent. Si ils peuvent lire dans ses pensées, ils doivent se faire du soucis pour lui, ou ne pas y comprendre grand chose. Lui même perd souvent le fil. Alors que le voyant commence le tirage, il se demande bêtement si il fait appel aux bonnes divinités, mais il ne se sent pas de l'interrompre pour lui expliquer qu'il est  n'est pas forcément lié aux gaéliques et qu'il espère que ça fonctionne quand même, même s'il est éthiopien. C'est sans doute une question un peu stupide. Est-ce qu'il y a quelqu'un pour tirer les ficelles et attraper les bonnes cartes ou c'est juste Bonaventure qui est doué ? Il est surtout fasciné par le personnage, soudain désinteressé par son tirage, captivé par sa voix et forcé d'admettre que si c'est une arnaque, elle est tellement bien ficelée qu'il donneirait volontiers vingt livres par semaine juste pour avoir droit au spectacle. Le nom des cartes lui donne froid dans le dos quand il pense, c'est épattant de se souvenir du sens de chacun et de pouvoir donner du  sens à ce qui lui semble totalement arbitraire. Il est aux aguets, pendu aux lèvres de Bonaventure. Il a hâte de découvrir ce qu'elles veulent dire et ce que le destin lui réserve.

Et puis le verdict tombe et là, c'est loin d'être la douche froide. Ce qu'il dit là, c'est effectivement le profil idéal, celui auquel Dare n'avait jamais vraiment pensé et qui pourtant est une évidence. C'est de ça dont il a besoin, quelqu'un qui soit plus social que lui et qui pourrait de temps en temps lui forcer la main, mais pas quelque de méchant ou intéressé par le profit. Quelqu'un qui aime sincèrement les autres, pas uniquement parce qu'il peut s'agir de bons clients. Il est déjà amoureux à l'idée de la compagne idéale et son humeur devient nuageuses. Son sourire déjà discret se perd un peu. Il n'est pas déçu loin de là, mais il réalise que tout ce ceci est très beau sur le papier. Dans les faits, il ne sait pas par où commencer, est-ce qu'il doit draguer tout le personnel médical pour toutes les vendeuses et commerciales d'Hasford ? Et si cette personne ne vivait pas à Hasford ? Finalement, c'est encore plus de questions qu'ils se pose.
« Je m'attendais pas à ça. J'ai vraiment envie de rencontrer quelqu'un comme ça... j'suis content avec les potes mais... j'me sens un peu seul parfois. Elle a l'air géniale. » La seule raison pour laquelle il lui raconte sa vie sans honte, c'est parce qu'il est persuadé que de toute façon il doit en entendre des vertes et des pas mûres à longueur de journées et qu'il ne va pas y préter attention. « Je peux demander si j'ai déjà rencontré cette personne ? Ou quand je vais la rencontrer ? Est-ce que les cartes peuvent vraiment me dire ça ? » La crédulité mélangée à son scepticisme naturel, cela donne ça. Dare qui veut y croire mais qui ose à peine, un Dare qui malgré son objectivité ne voit pas pourquoi ça serait faux. Très enfantin, qui demande conseil au tireur de cartes pour ne pas faire de bourde et bien délimiter ce qu'il possible d'intérprêter ou non. C'est l'enfant fasciné qui cherche à comprendre et qui au fond de lui meurt d'envie d'apprendre. Si ça marche autant, c'est bien qu'un jour quelqu'un a vu son tirage se réaliser.. Alors pourquoi pas ?


w/ @llewellyn sheridan

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Ce que les cartes disent a l'air de convenir à Darell. L'homme sourit avant de devenir soudainement plus sérieux, ce qui ne manque pas de surprendre Llew. Il partage avec le diseur de bonne aventure sa surprise.
« C'est vrai que c'est le genre de personne qu'on a envie de rencontrer. »
Le sourire de Llew est amusé, un peu taquin.
« Il n'est pas difficile de se sentir seul au milieu d'une foule. C'est même un sentiment assez courant, j'en ai bien peur, à notre époque. »
Bon, là, il dépasse un peu le rôle de Bonnaventure. C'est une pensée qui appartient plutôt à Llewellyn qu'à son alter ego. Il ne voudrait cependant pas décourager son interlocuteur.
« C'est un peu plus compliqué que cela. Les réponses ne sont pas aussi précises »
Le comportement de Darell a quelque chose de touchant, comme s'il n'osait pas totalement y croire, mais qu'il en avait envie. C'est bien plus agréable de tirer les cartes à ce genre de personnes.
« Pour les questions fermées, d'ordinaire, c'est plus avec un pendule qu'on procède. Pour les indication temporelles... Eh bien, il ne m'est encore jamais arrivé de réussir à donner une date. »
Ce n'était pas non plus d'une précision absolue.
« Est-ce que vous avez l'impression de déjà l'avoir rencontré ? Peut-être au détour d'une soirée. »
Et c'était peut-être pour cela qu'il avait l'impression que ça faisait sens. Il sourit à l'homme face à lui.
« Attendez, nous allons essayer... »
Llew se leva et alla récupérer son pendule dans la boîte. Il s'était pris à son propre jeu : il avait vraiment envie de voir ce que ça pouvait donner pour répondre à la première des questions supplémentaires de Darell. Il se réinstalla à sa place.
« Bien. Je vais poser la question. Si la réponse est oui, le pendule tournera dans le sens des aiguilles d'une montre. Si la réponse est non, le pendule tournera dans le sens contraire à celui des aiguilles d'une montre. »
Il prit la chaîne du pendule dans sa main gauche et plaça sa main droite, paume vers le haut sous le cristal qui luisait faiblement dans la lueur tamisée de la pièce.
« Fais moi un "oui". »
Pendant quelques secondes, il ne se passa rien, puis le pendule se mit à décrire des cercles, d'abord lentement, puis plus vite, dans le sens indiqué par Llew pour le oui.
« Merci. »
Il laissa le pendule ralentir.
« Maintenant, fais moi un "non". »
Le pendule s'immobilisa avant de partir dans l'autre sens.
« Merci. »
Il laissa le pendule s'immobiliser, histoire de montrer à Darell que la réponse à sa question partirait du stade "immobile", qu'il n'influençait pas l'objet.
« Vous pouvez formuler votre question, du moment qu'elle est fermée. »


w/ @darell fiker