Les coudes posés sur le comptoir de ta boutique de photographie et la tête dans les nuages, tu pensais. Il était encore trop tôt pour voir passer de la clientèle, mais pas assez pour que la ruelle soit totalement calme. Un entre deux habituel, qui normalement était un moment important, de joie. Puisque tu t’amusais à recouvrir les murs blancs de cadres, avec les plus belles photos du moment. Mais tu n’avais pas envie. Plus rien ne te donnait envie, tu avais conscience de tout ça. Mais tu n’arrivais pas à surpasser cette peine. Tout était trop récent, tu détestais par-dessus tout… les changements. Cette foutue tasse à café, qui appartenait à Simon, toujours tâchée de son liquide marronâtre et odorant. D’habitude tu râlais sur lui, pour qu’il fasse – au moins – l’effort de la mettre dans l’évier. Qu’il y mette de l’eau pour que la tasse ne soit pas éternellement tâchée. Mais aujourd’hui, c’était autre chose. Tu y voyais ce restant de vie, et tu n’avais pas le courage de jeter tout ça. Il le fallait, pour avancer. Décidée, tu t’approches de celle-ci, timidement, pour y poser doucement tes fins doigts sur la porcelaine. Mais avant que tu ne l’atteignes, la porte de la boutique s’ouvre avec une force inimaginable, comme un signe du destin. Tu recules ton bras, pour te retourner vers ladite entrée. Une jeune femme, tu l’as reconnais. C’est la jeune mariée du week-end dernier. Tu t’avances vers elle, chopant au passage une enveloppe kraft, qui contient sa commande. Bonjour Virginie, comment allez-vous ? de simples politesse, tu finis par lui tendre son dû. Qu’elle récupère, un sourire aux lèvres. Depuis combien de temps, n’avais-tu pas afficher un sourire comme celui-ci ? Réellement heureux, éblouissant et attendrissant. Tu souris à ton tour, difficilement. Je vous ai rajouté quelques clichés, ils étaient trop beaux pour ne pas vous les donner. Elle te remercie du fond du cœur, avant de s’engouffrer à l’extérieur de la boutique. Tu suis du regard la dame, avant qu’elle ne disparaisse dans une autre ruelle.
Puis un soupire. Tu retournes à ton comptoir, devenu fardeau en ses temps-ci. Tu allumes ton ordinateur, pour occuper tes esprits. Tu as du pain sur la planche, et ton prochain rendez-vous n’est que très tard dans la matinée. Tu t’appliques soudainement sur ton logiciel de retouche, prenant soin de recouvrir chaque parcelle de la photo, de ton art. Même si, tu dois bien l’avouer, tu n’as plus le cœur à ton métier. Il te faudrait une demande folle, pour te redonner cette envie que tu as toujours eu.
Re: à la poursuite de nos rêves (beau)Ven 24 Juil - 9:35
L’épaisse fumée s’envole au-dessus de sa tête dès qu’il entrouvre la bouche la chaleur qui effleure sa peau ça le picore un peu mais il ne frissonne plus l’habitude, comme un vieux couple qui ne baise plus parce qu’il s’emmerde mais tous les deux restent ensemble car sinon ça n’a plus de sens, c’est eux, difficile d’arrêter, l’habitude à la vie dure Maintenant sa clope est entre son majeur et son index et sa paume retombe sur le volant le feu passe au vert, il écrase mollement la pédale pour repartir, la voiture de son père c’est un bijou qu’il ne porte ni aux doigts ni au cou mais elle fait tourner quelques têtes la vieille camaro jaune plus tellement jaune si on est honnêtes mais ça n’a aucune importance dit papa quand on lui en parle tant qu’elle roule, n’est-ce pas ? Petit coup dans le volant, ses deux mains dessus et il zieute dans le rétroviseur avant de faire la manœuvre gare la bagnole sur une place payante alors qu’il n’a pas de sous en poche le prolétaire coupe le moteur et tire sur la clé pour la récupérer C’est ici apparemment, Beau ouvre la portière sans regarder s’il y a quelqu’un derrière heureusement que non et il sort de là et il remet entre ses lèvres dont l’une est égratignée, sa cigarette a moitié fumée Sur le dos de sa main il y a d’écrit l’adresse exacte de la boutique a l’encre qui s’efface quand on met un peu d’eau dessus l’écriture de son ami ressemble à des points ou des traits des s’étalent mais ça va l’immense brun arrive à lire ce qu’il y a de gribouiller sur sa chair, quand le soleil tape dessus on dirait un petit tatouage raté Lui aussi a l’air d’une vieille bagnole abîmée ; Par automatisme il remet une mèche de cheveux qui passe devant son front derrière son oreille mais elle est trop courte alors, elle retombe et il n’y touche plus pour l’instant
C’est là-bas, constate-t-il en regardant enfin autour de lui Beau traverse quand la rue est vide et il grimpe sur le trottoir mais n’entre pas pas encore il n’a pas terminé sa clope pendant qu’il se tape son poison et que l’odeur reste dans ses cheveux et sur ses doigts il reluque les photos en vitrine c’est des mariages et des naissances, sa mère adorerait faire encadrer les photos qu’elle garde, faut-il qu’il y pense pour elle ? La porte s’ouvre et la clochette sonne, une silhouette toute en jambe passe à côté de lui en souriant elle a l’air de danser quand elle s’élance dans sa jupe longue et avec son enveloppe entre les doigts Comme la princesse Anastasia et sa boîte à musique, d’hiver terrible Beau regarde partir la nana en oubliant pourquoi il est ici pire que sa mère L’esprit étourdit revient à la vie quand le filtre de sa clope brûle au bout de ses lèvres Dégueulasse il le jette par terre et l’écrase sous sa chaussure pour l’éteindre « Tu pourrais ramasser » dirait le sol s’il pouvait parler mais puisqu’il ne dit rien tant pis pour lui Beau ouvre la porte et n’entre que quand la petite cloche sonne C’est moins gracieux qu’avec l’autre ange en talons « Bonjour » Dit-il de sa voix grave, sa pomme d’Adam remonte et redescend dans sa gorge qu’est-ce qu’il arrive lentement jusqu’au comptoir celui-là, mais son regard vitreux traîne sur toutes les photos aux murs il trouve qu’il y a un côté angoissant à afficher des instants c’est figé derrière un morceau de verre et placarder au mur comme si c’était important de se rappeler Sa mère deviendrait folle dans un endroit comme ça, voilà pourquoi elle ne vient pas Beau s’arrête quand il n’a plus le choix et laisse tomber ses mains sur le rebord du comptoir, il baisse un peu la tête pour pouvoir jeter son dévolu dans les yeux de son interlocutrice un peu plus petite que lui, comme souvent « J’ai besoin qu’un photographe me suive pendant deux jours et une nuit, ce week-end » Avant qu’elle ne puisse dire quoi que ce soit il rajoute « Il me faut des photos du ciel la nuit, c’est pour la pluie des étoiles, ça doit être d’une qualité irréprochable mais le sujet ne sera pas statique » L’étudiant retire ses mains du comptoir, ses bras retombent le long de son corps « combien ça va me coûter, dans l’hypothèse ? » Le sujet qui fâche est lancé.
Soudain, il se présente devant toi. Tu affiches quelques instants une posture nonchalante, que tu t’efforces de corriger pour faire bonne figure. Tu crois rêver, deux personnes en peu de temps, si ton père était présent à la boutique ce matin, il te dirait de jouer au loto. Non pas que, tu n’as pas de clients. Mais a cette heure-ci, c’est certain. Alors tu l’observes, curieuse de connaître sa demande. Tu en oublies tes syllabes, avant de reprendre tes esprits et lui retourner la politesse. B-bonjour. Finalement, c’est lui qui décroches les premiers mots, pour une commerçante, tu as plutôt l’air d’être un déchets humain. Mais tu fais au mieux, pour paraître… comme avant ?
Les mains de l’homme qui te fait face, viennent taper le bord du bureau. Tu as ce réflexe non-contrôlé, de sursauter et donner une légère impulsion en arrière ; tu te recules. Tu arbores un sourire sincère, lorsqu’il commence à t’exposer sa demande. Tu comprends rapidement, que tu vas devoir sortir des sentiers battus. Tu sais pertinemment que tu n’as jamais pris de cliché des étoiles, tu sais gérer la nuit, mais tu n’es pas certaine pour le reste. Mais renoncer n’est pas dans tes cordes, et tu n’es pas prête non plus à faire payer ton – potentiel – futur client si tu venais à ne pas être à la hauteur de ses espérances. Fais-toi un peu plus confiance Rose, tu peux y arriver. Le déclic vient seulement au moment où il te demande tes tarifs. Tu secoues la tête énergiquement, avant de prendre enfin la parole. C’est pour quel projet ? Sans indiscrétion, ça va de soi… avant de détourner quelques secondes le regard. Tu te rapproches du dit comptoir, un peu plus vivante, tu as envie de réaliser ses clichés. Si vous me laissez la chance, de m’entraîner en même temps que votre demande, vous aurez les phototypes gratuitement ! Cette fois-ci, tu tentes ton sourire vendeur, tu ne connais pas le garçon qui est en face de toi. Tu ne connais pas ses raisons d’être ici, mais tu es sûre d’une chose : c’est ça, qui va te sortir de la routine. Marre des mariages et des nouveau-nés. Tu en as une sainte horreur depuis... le décès de Simon. Peut-être, est-ce là justement ta chance, de passer sur un autre registre. Alors oui, tu ne vas pas mentir, en disant que ce qu’il te propose de botte bien plus qu’il ne pourrait le penser. J’avais entendue parler de cette fameuse pluie d’étoiles, je serais ravie de vous aider à la réalisation de votre… projet ! Conclus-tu, presque certaine que l’homme te donneras son approbation. Tu réalises d’ailleurs un peu mieux la chose. Tu viens d’accepter un week-end avec un inconnu ? … C’est tout à fait faisable, puis, il n’a pas l’air d’un psychopathe. Non ?
Re: à la poursuite de nos rêves (beau)Sam 25 Juil - 14:07
Pourquoi a-t-elle autant l’air d’une pauvre bête blessée à qui la vue du soleil fait rage ? Son petit sursaut fait tomber quelques mèches de derrière son oreille jusqu’à son épaule L’étudiant plisse un peu les yeux et regarde la drôle de comédie qu’on est en train de jouer devant lui il pourrait sourire parce que c’est mignon mais sa petite gueule fermée comme une huître ne se déride pas pour ça « C’est pour mon examen de fin d’étude, je suis étudiant en astronomie » Au temps pour lui qui ne l’avait pas dit et l’animal blessée reprend du poil de la bête, elle n’a plus l’air si petite même derrière ce gros comptoir qui sent encore les produits ménagers est en train de se mélanger à cette odeur celle de la photographe Le parfum donne le tournis agréable sensation d’être ivre sans avoir de verre dans la main L’ivresse est exceptionnelle « Vraiment ? » Beau voudrait qu’elle répète parce qu’il n’est pas sûr d’avoir compris Elle a dit gratuitement c’est ça ? Aussitôt sa main va sur la poche de son pantalon qu’il tâte, où a-t-il laissé son portable ? Il faut qu’il dise merci à son camarade de classe, franchement Pas là « C’est d’accord » Plutôt deux fois qu’une même, quand il s’agit d’argent il ne se fait pas prier pour un catholique c’est plutôt ironique « Si nous partons avec ma voiture, il ne faut pas prendre beaucoup d’affaire, le coffre est étriqué » Dit-il en montrant du doigt la bagnole garée sur le trottoir d’en face il se retourne à nouveau pour coincé son interlocutrice entre quatre yeux « Et la climatisation ne fonctionne plus » l’énumération des soucis du bolide de son père commence a le mettre mal à l’aise « Alors si vous avez une voiture un peu mieux que celle-ci, je me propose de conduire à l’aller et au retour, vous pourrez vous reposer » Et sinon ? L’immense étudiant inspire si longuement qu’il a l’air de s’ennuyer « Je termine les cours en milieu d’après midi ce vendredi, je vous propose de venir à la fermeture de la boutique pour vous récupérer ? C’est bon pour vous ? » Demande-t-il avec nonchalance en plongeant sa main dans sa poche pour sortir un paquet de cigarette c’est à moitié vide comme dans sa tête depuis les tours en ronds La clope malheureuse danse entre ses doigts, le briquet aussi et il remet son paquet dans sa poche Beau fait un pas en arrière, est-ce qu’il peut s’en aller ? Il a envie de fumer Cette envie la garce qui tire à son cou comme une fille un peu trop expressive Juste avant de partir et quand il tire sur la poignée de la porte, il dit « Vous sentez très bon » A prendre comme elle le voudra, le grand gaillard sort de là et reste de l’autre côté de la porte un moment pour allumer sa clope Prise au piège, entre ses lèvres Enfin, dans un soupire exténué, il s’en remet totalement à elle, bousillant ses poumons et ses cordes vocales, il crèvera de trop la vouloir rien qu’à lui
Tu t’accroches à ses mots, il est d’accord. Intérieurement, tu pourrais bondir de joie, le serrer dans tes bras. Mais, tout te rappel qu’il reste un inconnu. Et que tu aurais toutes les raisons possible et inimaginable de te méfier du garçon. Tu veux pouvoir l’aider à son examen, et de ton côté, l’opportunité de photographier de nouveaux éléments est plus que tentateur. Aussitôt l’accord fait, il t’explique comment tout va se passer. Et plus il continue, plus ta tête tombe sur le côté. Tu ris finalement, le coupant quelques secondes, lorsqu’il te propose de prendre ta voiture. Il serait préférable je pense, pour notre confort. Je me permets… de te tutoyer, si ça ne te dérange pas. tu souffles, avant de reprendre de plus bel. C’est bon pour moi. Tu n’auras qu’à la garer dans la rue derrière, les places sont gratuites le week-end. Et comme une tornade, le garçon tourne ses talons pour repartir d’où il vient, laissant une agréable sensation. Ton palpitant est de nouveau en route, tu as de nouveau un but. Tu le regardes partir, interloqué par ce qu’il vient de dire. Inconsciemment, et seulement lorsqu’il est sorti de la boutique, tu te surprends à te sentir. Ma foi, tu vas mettre ça sur le compte de l’euphorie. Tu sais, qu’après cette annonce, tu vas passer une très bonne journée. Alors tu reprends le cours de la vie, continuant à bidouiller sur ton logiciel.
☾ vendredi ☽
Oui, Mme. Fergusson. Vous pourrez venir chercher le tout, début semaine prochaine… Non, là je ferme la boutique. Oui. Je vous garde ça, à bientôt, au revoir. Tu raccroches enfin, vérifiant autour de toi si tout est bien à sa place, s’il ne manque rien. On dirait bien. Tu as fait garder tes animaux par tes voisins, tu as pris le nécessaire pour partir en expédition photographique. Tout est bon. Tu sors du commerce, prenant grand soin de bien fermer. Généralement, le samedi tu venais toujours, pour continuer le travail et être en avance sur tout. Mais cette fois-ci, et pour une première fois, tu ne reviendrais pas dans l’établissement. Parce-qu’un autre projet voyait le jour. Tu te diriges vers cette voiture, qui sera votre fidèle destrier pour aller chercher de beaux clichés, pour ouvrir le coffre et y déposer tes sacs. La plupart sont justes des affaires de photo, un seul petit sac se démarque ; le plus petit, qui contient des habilles et le nécessaire pour avoir une bonne hygiène. Rien de plus. Une pauvre glacière se bat en duel avec les nombreux autres sacs de photo, bref, on a l’impression que tu n’es jamais sortie de cette ville. En effet, ça fait un moment que tu n’as plus envie d’aller photographier le coin à côté.
Finalement, tout est prêt. Ne manque plus que l’inconnu, qui n’a pas même prit l’initiative de te donner son numéro de téléphone, ne serait-ce que… s’il avait un souci. Tu soupires, avant de t’adosser contre la voiture qui trône en face même du magasin. Au fond de toi, tu n’arrives pas à savoir, si tu mets le pied dans un inconnu qui pourrait te mener vers du positif, ou si tu vas être surprise, et avoir que du négatif. Reprend-toi Rose, ce week-end, il sera parfait. Rien ne pourra se passer, tant que tu géreras au mieux celui-ci. La preuve en est, tu es en avance, cette fois-ci.
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