this desert rose, each of her veils a secret promise (rose)

Il se gare devant la propriété, un peu impressionné par la baraque en question, coupe la musique et sifflote la suite du morceau quand il descend du véhicule. Il préfère quand il s’occupe des fresques, même si la simplicité de refaire une salle de bain, ou juste s’occuper d’un salon avec une petite bière offerte, ça fait aussi son bonheur.  Darell débarque tout son matériel de la camionnette de Sean, de bonne humeur et pressé de se mettre au boulot. Le vieux n’est plus capable de conduire, alors c’est presque la sienne, il a gardé les gris-gris du propriétaire, ils lui portent chance jusqu’ici. Le sapin désodorisant a perdu son parfum et sa couleur, mais la bande l’a dédicacé et c’est devenu un petit trésor. Sean dit qu’il appartient au camion, alors il ne faut pas le retirer, c’est l’esprit des jeunes qui lui rendent le sourire. Il faudra trouver un nouveau nom à l’automobile. D’ici la fin de l’année, tout ce qui lui appartient sera désormais la propriété de Dare. Il essaye de ne pas trop y penser, il a la tête qui tourne rien que de s’imaginer patron, alors qu’il s’est toujours contenté d’être le larbin de service, le petit employé qui fait simplement sont travail et ne se mouille pas trop. Rien de plus que la chemise Quoique, ils ne portent plus de chemises depuis perpète, c’est plutôt marcel et casquette pour être à l’aise et pas s’en foutre partout. Un pot de peinture dans la main et l’adresse dans l’autre, il s’approche de la sonnette, après avoir bien vérifié qu’il ne se trompe pas. Ce serait embêtant, car ça reviendrait à faire une fausse joie où créer une dispute entre deux personnes qui n’est pas nécessaire. Le coeur de Darell bat la chamade. Ce client lui a vendu du rêve avec son idée. Il a tellement accroché au projet qu’il se sent complice d’une très belle surprise. Il n’est même pas celui qui va avoir une fresque à son effigie et pourtant, quand il lui a raconté ce qu’il imaginait, quand ils ont dessinés ensemble le motif, Dare a eu envie de pleurer.
Il voudrait bien faire la même avec une copine, mais il n’arrive pas à garder les filles assez longtemps. Il n’a pas rencontré le grand amour et cette demoiselle a de la chance d’avoir ce mari. Ils ont l’air tellement heureux, il a eu droit à quelques anecdotes de la part de son client pour qu’il se fasse une idée de la personnalité de la femme et il est tombé sous le charme de ce couple. Quand elle ouvre la porte, il n’est pas surprit parce qu’il a déjà vu son visage sur des photos, elle parait seulement moins radieuse. Fatiguée peut-être. Il hausse les épaules. « Je suis bien chez Mr Devaulx? » Il a espéré que ce soit Monsieur qui le reçoive, pour ne pas gâcher la surprise, sauf qu’il n’a pas l’air d’être là. C’est suffisant pour lui mettre la puce à l’oreille et faire grimper sa nervosité d’un cran. Sa casquette cache la pointe rouge de ses oreilles. Merde. Il espère qu’il n’est rien arrivé de mal et qu’ils ne se sont pas séparés, sinon, ça risque d’être gênant. Il n’a pas envie de se faire chasser à coup de torchon alors qu’il n’a rien fait, et il imagine très bien la scène. Typiquement ce qui pourrait lui arriver, on l’a déjà confondu dans la rue avec un goujat. Il a fallu deux torgnoles pour que la demoiselle réalise que c’était pas la bonne couleur d’yeux. Impossible de lui en vouloir, lui aussi serait très en colère si on la lui faisait à l’envers. Enfin, c’est déjà arrivé et sa réaction n’a pas prit ce genre de proportions. Elle a été à la hauteur de sa performance en tant que petit copain : suffisamment nulle pour qu’elle ne se retourne même pas et l’ignore royalement. « Monsieur est là ? Je viens pour le mur, enfin... Il pourra vousexpliquer, je crois que c’est plutôt à lui de le faire. » Il se pince les lèvres et se balance d’une jambe sur l’autre.



w/ @rose devaulx

Il était encore tôt, mais tu savais déjà dire si cette journée serait bonne ou non. Aujourd’hui, tout semblait mitigé. Par les petites actions du quotidien, généralement partagés en deux pour soulager les charges. Seulement, voilà quelques temps, tu devais prendre sur toi et revoir un peu toutes ses fameuses charges, pour les terminer à l’heure. Ça commençait par la nourriture aux animaux, et ce n’était pas une mince affaire. Oui, tu avais toujours craqué sur ses animaux errants, voulant les aider. Mais c’est Simon, qui a ouvert les portes de la maison à ceux-ci. Tu n’y voyais aucun inconvénient, il y avait une sorte d’osmose entre tous les petits habitants de la maison, grâce à ton mari. Seulement, depuis son départ, ça devenait compliqué. D’ailleurs, tu avais même pris la déchirante décision de trouver de bonnes familles à ceux-ci. Tu ne pouvais plus gérer seule autant de félins et de chiens ensemble. Bien sûr, jamais tu ne précipiterais les choses : tu seras une véritable maman avec eux, et tu t’es promis de trouver de bons adoptants pour tes chaminous et tes chientoutous. Après la gamelle aux petits animaux, direction le pré d’en face, pour aller nourrir ton seul et unique cheval, celui qui tu l’espères, te feras grimper les échelons, en compétition. Mais encore une fois, Simon n’a pas seulement voulu donner la chance aux petites bouilles. Non. Tu te retrouves avec une maman ânesse et son bébé. Fort heureusement, toute la tribu avait un tempérament plutôt solitaire, tu n’avais donc pas à t’en préoccuper plus que ça. Et vu l’heure, le ménage sera pour demain, tu ne peux plus traîner. Tu travailles à la maison aujourd’hui, mais tu as un sacré projet sur les bras, avec un paquet de photos à retoucher. Tu aurais dû être de repos. Seulement, quand ton papa te fait comprendre par des moyens plus que louches, qu’il est un peu débordé, qu’il ne peut pas faire ses retouches seul… Tu ne peux que l’aider.

Installée dans ton salon, tu commences enfin – après ta tournée nourriture – à te mettre dessus. Tu te rends compte du niveau supérieur de ton père, ses photos sont d’une qualité irréprochable. Tu as encore du chemin à faire pour arriver à sa cheville. Même si ses derniers temps, tu n’as pas le cœur à photographier, tu mets de côté les soucis. Parce-que ça donnera toujours de bons souvenirs à ses inconnus, qui demande tes services. Tandis que tu retouches une énième photo, ça sonne. Tu manques de tomber de ta chaise, c’est rare qu’elle soit active celle-là. Tu enfiles tes chaussures d’extérieur pour aller voir qui se cache derrière la sonnette. Etrangement, tu tombes sur un inconnu, un visage qui ne t’es pas familier, du tout. Mais ce qui sort de sa bouche, te donne le tournis. Ta gorge semble si sèche soudainement, que tu n’arrives pas à sortir un seul mot. Puis, il vient à répéter, d’une autre manière. Qu’est-ce que cette histoire, bordel ? Nerveusement, tes doigts s’entrelacent, pour éviter de trop penser à… Simon. Ah… euh… tu ne sais pas tellement quoi lui répondre. Tu ouvres seulement la barrière qui vous sépare, comme si c’était ça qui te bloquait de parler. Alors que tu en connais la cause. Je suis désolé que personne n’ai pu vous prévenir… ton regard fuit soudainement le regard de ton interlocuteur, tu te sens si faible en ce moment. Simon, est décédé… tu souffles, ça te déchire le cœur de prononcer ses mots. C’est encore récent, mais tu avais perdue l’habitude de le dire, puisque tout le monde était au courant. D’ailleurs, tout le monde te traitait d’une autre manière depuis l’évènement. Tu étais devenue la jeune veuve de la ville, qu’on prenait pour une enfant perdue. Et tu détestais ça. Je… je suis navré, que vous ayez dû vous déplacer. J-je vais vous régler la somme pour votre déplacement… tu retrouves quelques instants les yeux de l’homme qui te fait face, dont tu as conscience du temps perdu à venir ici. Mais aussi, à apprendre la nouvelle, ça doit le mettre terriblement mal à l’aise. Tu ne sais pas pourquoi il est là, mais Simon a dû lui demander quelque chose. Tu te dois, malgré tout, d’honorer les engagements de ton mari, et payer cet homme, même s’il ne fera rien. Juste, pour que celui-ci ne perde pas de l’argent, en perdant un projet irréalisable.



w/ @darell fiker

Il marque un temps d'arrêt, les sourcils froncés et la bouche entre-ouverte et hésite à lui demander de répéter, il n'était pas certains d'avoir tout compris. Dare n'a aucun problème d'audition, c'est la brutalité de la nouvelle qui le cloue au sol. Il ne connaissait pas assez bien Simon pour partager le deuil de sa femme, ce n'était qu'un client après tout, parmis tant d'autres. Sauf que des clients, il n'en a jamais vu mourir. Et pourtant, c'est d'une telle évidence ! C'est l'ordre naturelle des choses, il savait bien qu'un jour il serait confronté à la tristesse d'une nouvelle de se genre, la petite grand-mère pour qui il veut bien repreindre le portail qui passe l'arme à gauche, son propre patron qui se fait vieux. Sean n'aime pas l'admettre, il n'empêche que des os grincent et ses yeux se ferment doucement, les paupières lourdes et les rides pleines à craquer. Il ne s'y attendait pas, rien n'annonçait une telle issue. Bien sur, il voudrait demander la cause, ce voyeurisme purement humain ou plutôt ce besoin de comprendre pourquoi Simon, un jeune homme, a pu partir avant ses vieux habitués. « Bah merde alors...Euh je veux dire... Je suis désolé. » Boulette sur boulette. Ce n'est pas les plus belles paroles, il a l'impression de manquer d'empathie. « Je veux dire, toutes mes condoléances. Je ne savais pas... » Darell culpabilise ; il aurait du savoir. N'est-il pas sensé lire la rubrique nécrologie ? Essayer s'intéresser à ce qui se passe ici ? Il s'imagine différent scénarios où il aurait pu éviter rajouter une peine supplémentaire à cette pauvre demoiselle. En réalité, ça ne lui serait jamais venu à l'idée. Comme beaucoup, Dare vit sa vie dans le présent sans même se soucier de ce qui peut arriver à l'avenir, sans particulièrement analyser les signes avant courreur et se retrouve prit de court quand la vie se rappelle à lui, dans la beauté de ses moments de joie, comme dans la cruauté de ses fatalités.

Une chose est sure, il n'a pas envie de la laisser payer son déplacement. Il a assez d'argent pour se découvrir cette générosité, d'ici quelques mois la boite sera à lui, il n'aura pas de comptes à rendre aux autres concernant les trous dans la caisse. Ce sera son problème. A l'instant, il considère qu'il est de sa responsabilité de préserver Rose, qui ignore qu'il connait son prénom et son visage depuis des semaines. « Non, ça ira. Je vais le faire gratuitement, c'est le moins que je puisse faire. Je m'appelle Darell, je suis peintre.. en bâtiments je précise. Mais je peins quand même. » Un véritable imposteur, ce n'est pas à lui de dévoiler le plan de Simon, il ne sait pas ce qu'il doit partager. Doit-il lui cacher la vérité et insister sur le mur sans lui expliquer que c'est son visage qui y sera représenté ? Être cash pourrait lui éviter bien de la peine. Dare est prêt à aller à son rythme, même si le chantier doit durer des mois. C'est une situation délicate et exceptionnel. Elle n'est peut-être pas encore "prête" à accepter ce cadeau posthume. « Il voulait vous faire une surprise... Il vous aimait beaucoup. » Dare se mord la lèvre inférieure et baisse les yeux. Mauvais mots encore, ce n'est pas exactement comme ca qu'il voulait le sortir. Bien sur qu'il l'aimait, elle doit bien le savoir et il est juste en train de retourner le couteau dans la plaie. Avant de faire d'autres conneries, il se force à se taire et la laisse l'envoyer bouler ou le laisser passer. Le pot de peinture commence à peser dans ses mains mais il se sent moins stupide en continuant de tenir son matériel.



w/ @rose devaulx