And I would have stayed up with you all night Had I known how to save a life (Hayver#1)

« Show me what it's like
To be the last one standing
And teach me wrong from right
And I'll show you what I can be
Say it for me, say it to me
And I'll leave this life behind me
Say it if it's worth saving me »

Quand Haytham est de repos, il lui arrive d'aller dans les bars, sauf quand c'est un soir de concert. Les soirs de concert sont une vraie torture pour lui depuis l'accident. Il aurait préféré devenir sourd plutôt que d'entendre de la musique sans être capable de la reconnaître. Ça lui fait physiquement mal. Mais quand son équipe lui propose d'aller boire un verre, il ne sait pas trop le refuser. Il n'a pas réussi à leur expliquer le problème. Ils doivent juste penser qu'il entend mal, sauf que sur les interventions, cela n'a aucune répercussion. Pour déconner, il avait demandé au médecin si en tapant au même endroit suffisamment fort, ça pourrait avoir l'effet inverse. Le docteur n'avait pas ri. Le brouhaha dans le bar couvrait souvent la musique, ce qui le soulageait. Même s'il s'en tirait la plupart du temps avec un mal de tête, la sursollicitation de ses oreilles avait cet effet là. Il réussissait simplement à donner le change, voilà tout. Il doutait que quiconque puisse comprendre. Même en leur expliquant plusieurs fois. Il ne leur en voulait pas pour autant. Avant que ça lui tombe, un peu trop littéralement, sur le coin de la gueule, il pensait ça impossible aussi. Maintenant, la corne sous ses doigts lui rappelait toujours la situation. Il n'avait même pas le coeur de se débarrasser de sa guitare.

Le bar était bondé. Haytham avait bu un peu plus que de raison, mais il était venu à pieds, alors ça ne le dérangeait pas trop. Il connaissait ses limites aussi. Au bout d'un moment, il avait ressenti le besoin de sortir prendre l'air, le bruit lui martelant l'intérieur du crâne. Il avait fait signe à ses amis qu'il allait prendre l'air. Parfois, il se disait que s'il fumait ce serait beaucoup plus simple, l'excuse parfaite pour sortir du bar. Seulement, il ne pouvait fumer : il détestait l'odeur de tabac froid. Et il avait besoin de toutes ses capacités pulmonaires. Il profita donc qu'un type sortait pour se faufiler derrière lui. L'air était frais à l'extérieur et il savoura la baisse de volume sonore. Il vit le mec tituber vers sa voiture. Il n'était pas de garde. Mais il ne pouvait pas ne rien faire. Il ne pouvait pas laisser partir un homme ivre et que ses collègues de garde aient à le décoller d'un platane. Ou pire, qu'ils doivent prendre en charge la famille d'une personne qu'il aurait percuté. Haytham ne peut pas fermer les yeux sur cette possibilité, aussi infime soit-elle. Il en a trop vu des gamins éclatés après une soirée trop arrosée. Il avait déjà continué un massage cardiaque de longues minutes, tout en sachant qu'il était trop tard, parce que la famille était là.
« Vous ne devriez pas prendre le volant. »
Il s'était rapproché doucement et avait parlé d'une voix calme.
« Vous avez trop bu, c'est dangereux. Je vous appelle un taxi si vous voulez. »
Il est même prêt à le payer si ça doit empêcher ce gamin de manquer de se tuer. Ce gamin. Comme si lui était si vieux que ça. Ce gamin, ça pourrait être son frère. Il doit même avoir l'âge d'un des membres de son équipe. Trop jeune pour mourir.

w/ @silver lovelace

Il a besoin de prendre l'air. Sa soeur l'a plantée, elle devait le rejoindre mais comme toujours, elle lui a donné la mauvaise adresse. Quand elle a envie de faire des bêtises c'est ce qu'elle fait, elle lui laisse croire qu'il pourra la surveiller et tenir la bonne version devant les parents, puis au dernier moment il réalise qu'il fera cavalier seul. Silver a tout le temps d'inventer une histoire qui leur plaira à tous. C'est aussi dans ces heures sombres que l'appel de la boisson l'attire tel le chant des sirènes. Au bout de ce qui lui semble être le deuxième verre, mais qui est en réalité le quatrième, il se traine avec dififuclté à l'extérieur. La solitude pèse aussi lourd sur son coeur que ses jambes, il a du plomb dans les ailes. Silver n'a pas envie de rentrer surtout, de retourner dans cette ambiance d'angoisse et d'yeux qui observent le moindre de ses mouvements. Dans cet état, il ne s'imagine pas débarquer chez Alistair. Mauvais idée. Il peut toujours piquer un somme dans sa voiture et prétendre que prendre la route était trop dangereux, sauf qu'elle lui en voudra de ne pas l'avoir défendue devant leur mère trop protectrice. Il n'a pas le choix, il doit reprendre la route et arriver en même temps qu'elle ou il va en entendre parler. Plus facile à dire qu'à faire, alors qu'il est presque arrivé à son véhicule, une voix le tourne de ses pensées.

Il s'arrête dans ce qu'il est en train de faire et le fixe, hagard, incapable de stabiliser son regard. Quel toupet. Il a l'air plus vieux que oui et plus responsable, un coté suffisant qu'il lui invente parce qu'à cet instant, il veut le détester de mettre de la voix sur ce que sa conscience lui hurle. « Merci. Mais ça ira. J'habite pas loin, c'pas un problème, je fais souvent ce chemin là. » Il s'accroche à sa portière comme si sa vie en dépendant mais ne l'ouvre pas. « Si ça vous amuse de jouer les héros, trouvez vous une autre personne à sauver. Et si c'est une technique de drague, c'est de la merde. » Une part de lui, plus rationnelle, lui intime de l'écouter et de ne pas jouer les héros. Une autre part, plus sombre, n'en à que faire. Et si il ne rentre pas ? Ce n'est pas comme si il avait quelque chose à perdre. C'est le plus triste dans tout ça, il manquera à sa famille et peut-être que des gens se demanderont ce qui lui est arrivé, mais il ne s'arrêtera pas au beau millieu d'un projet qui méritait d'être réalisé. Si demain il disparaît, la terre continuera de tourner et peut-être que là haut, il sera avec sa famille. Si parfois il pense qu'avoir été péargné est un don du ciel, d'autres fois il se dit qu'il est là l'accident. Ils auraient dû tous y passer et point barre. Silver soupire et ouvre la portière pour s'assoier sur le siège du conducteur, le front qui tape presque contre le volant quand une violente migraine vrille ses tempes.

w/ @haytham maceoghain

« Show me what it's like
To be the last one standing
And teach me wrong from right
And I'll show you what I can be
Say it for me, say it to me
And I'll leave this life behind me
Say it if it's worth saving me »

Haytham le bon samaritain. Il veut empêcher un gamin alcoolisé de prendre le volant, c'est limite plus fort que lui. Il a vu trop de trucs moches pour ne rien faire. C'est dérisoire. Mais qui sait, ça peut toujours marcher non ? Même s'il doit payer un taxi de sa poche. Il s'en moque. Si perdre quarante balles ou qu'importe le montant de la course peut sauver la vie à une personne, alors il veut bien vider son compte en banque. Ce n'est même pas pour se sentir meilleur ou héroïque. Non. C'est juste que toute vie mérite d'être vécue. Personne ne mérite de finir enroulé autour d'un platane, mort ou cloué dans un fauteuil. Il a déjà manqué de mourir, il sait comme la vie est précieuse. C'est ce qu'il aimerait dire à ce mec qui s'obstine.
« Statistiquement, c'est là que tu as le plus de chances d'avoir un accident, sur une route que tu connais. Ça n'épargne pas tes réflexes miraculeusement. Puis si t'es pas loin, autant marcher. »
Tant pis s'il se mêle de ce qui ne le regarde pas. Il vaut mieux être indiscret des fois.
« Ça ne m'amuse pas tant que ça. Mais c'est toujours préférable que de devoir ramasser de la cervelle étaler sur le goudron, si tu veux mon avis. »
Bon, d'accord, il lui manque peut-être un peu le filtre, à Haytham. Qu'importe.
« Et même si t'es mignon, tu m'as l'air un peu trop jeune pour que je te drague. »
Il a vraiment laissé tomber le filtre. Probablement quand Dano a payé sa tournée de shooter. Il se pose contre la portière, pour empêcher l'autre de démarrer.
« Je suis sérieux, mec, tu peux pas rouler dans cet état. T'as l'air d'un cadavre là. »
Ou d'être prêt à gerber. Bref, rien de très glorieux.
« J'peux aussi appeler les flics. J'hésiterai pas une seconde. Tu peux m'insulter ou m'cogner, ça changera rien à l'affaire. »
Il n'a pas vraiment envie de se faire cogner dessus, mais il est prêt à courir le risque. Vraiment. Qu'il ne gâche pas sa vie pour quelques verres de trop.

w/ @silver lovelace

L'alcool devrait le faire se sentir plus puissant qu'il ne l'est vraiment, paradoxalement, la moindre remarque le frappe en plein visage comme une glifle bien placée et heurte ses convictions. Il lui retorquerait bien ce qu'il pense des statistiques et des chiffres en général, la mauvaise fois jusqu'au bout comme si il essayait de  gagner un argument avec ses parents, preuve supplémentaire pour l'étranger qu'il n'est qu'un gamin. Un gamin dans un corps d'adulte, à l'apparence encore si juvénile, qu'on méprend pour un ange mais c'est un petit diable. Le commentaire sur son âge potentiel provoque une panique inatendue qui lui compresse la poitrine et lui fait oublier pourquoi il refuse de se laisser raccompagner de prime abord. C'est le noir complet, quelqu'un vient d'appuyer sur un interrupteur dans sa conscience et a fait grillé les neurones encore allumés. Ne lui reste qu'une colère sourde et la trisse, la tristesse de vingt-trois heures. Il fait tourner en boucle son affirmation, ne fixant que sur cette intervention, il ne prête même pas à l'oreille à ses menaces. Les flics, le cadet de ses soucis. Au point où il en est, il serait plus en sécurité dans une cellule de dégrisement, pour les autres et pour lui-même. Si un étranger pense ça, il n'est pas difficile d'imaginer que c'est aussi ce que doit se dire Alistair et que Silver a effectivement imaginé toutes les preuves d'affections. Touché qu'il marmonne et sa colère ne fait qu'enfler. Une piqûre que l'autre gratte, gratte et qui s'enflamme. Il peut pas lui foutre la paix ?  Les gens essayent de prendre soin de lui parce que c'est ce qu'on fait avec un enfant. Ils ne tiennent pas à lui plus que ça, c'est pour leur conscience ou parce qu'ils n'ont pas envie de devoir ramasser les débris. Encore, il peut comprendre. Si il crevait, ça briserait le coeur de sa mère, peut-être que ça serait suffisant pour lui faire comprendre qu'elle a brisé le sien pendant des années, même quand il n'y avait plus grand chose à briser. « Je suis assez grand pour me démerder tout seul ! » Silver se braque. Il n'a pas envie de son aide. Certains diront que c'est de la fierté mal placée. Ils ont raison, et alors ? Qui va l'en empêcher ? « Tu sais ce qu'il te dit le cadavre ? Laisse le reposer en paix. » Il s'étonne lui même de sa répartie. Le ton employé n'est pas méchant il est caustique. Un espèce de passif agressif énervé. « Ecoute, me fait pas chier. Je passais une bonne soirée tu vois, à me bourrer la gueule et oublier mes problèmes, n'en rajoute pas. » Et c'est vrai. Il en a assez comme ça. Des problèmes qui ont de l'importance, d'autres qui en ont moins. Il a pas de gosse à charge, même si il aurait aimé la blague, une petite princesse à chérir, ouais. Y  a sa petite soeur à la rigueur. Elle devrait être là, l'empêcher de faire des conneries, mais ils l'ont tous abandonné. C'est pas lui le mort dans l'histoire, c'est les autres.

w/ @haytham maceoghain