scarabées et papillons (nell)

 — Il n’avait jamais mis un pied dans ce cabinet de curiosité géant, mais pour aujourd’hui il s’était dit qu’il avait besoin de nouveauté, et il n’avait pas envie de passer à côté d’une éventuelle bonne surprise. Et effectivement, il n’a pas regretté un instant d’y avoir fait un détour. D’abord impressionné, il s’était attardé devant chaque insecte qui se présentait à lui, en se penchant pour bien regarder chaque détail qui les composent. Ses écouteurs dans les oreilles, il prend le temps puisque de toute manière, il n’est attendu nulle part. Il aurait pu prendre toutes ces merveilles en photo pour immortaliser le moment, mais son truc à lui c’est le dessin. Il ne sort jamais sans un carnet et un crayon à papier -ou au mieux ses crayons de couleurs, mais il a une fâcheuse tendance à perdre sa trousse dans son appartement, ou à juste l’oublier sur son canapé. Cette fois-ci il est chanceux, il a tout ce qu’il faut. Après avoir fouillé dans son sac un peu en bazar, et qu’il a tout récupéré, il s’assoit par terre en s’assurant de n’être dans le chemin de personne, et son poignet commence à s’activer. Storm s’applique, comme toujours, comme si ce dessin était son dernier. Il mesure chaque coup de crayon, il fait l’aller-retour entre ce papillon naturalisé, et son papier, pour être certain de ne rien rater. A mi-parcours, il se dit qu’il aurait pu choisir quelque chose de plus facile, comme le scarabée d’à côté, parce qu’il aurait pu tricher un peu alors que là… la symétrie qu’il doit respecter lui rend la tâche plus compliquée mais il tient bon. Les traits tirés et les sourcils froncés, il est agacé mais seuls ses sourcils le trahissent. Il n’est pas du genre à abandonner, au contraire, si il doit rester assis des heures durant, ou revenir demain et les jours d’après, alors il le fera. Il ne voit pas vraiment le temps passer, ni les gens défiler autour de lui tant il est concentré. Il penche la tête, pas vraiment satisfait de son travail, et il allait continuer de dessiner, avant de sentir une paire de jambe taper dans son coude. Il n’a pas vraiment le temps de réagir en levant sa main pour éviter une catastrophe, qu’un trait vient gâcher. C’est pas le petit trait fin qu’on peut gommer non, c’en est un bien épais et bien gras. Sur le coup, il se retiens d’hurler, en se disant que c’est pas franchement le lieux pour être bruyant. Il retire le Chopin qui l’accompagnait début en enlevant ses écouteur, et il lève son regard vers la personne, un sourire poli aux lèvres, « Pardon c’est de ma faute. » et pour le coup c’est un peu la vérité. Il se redresse, et il tapote sa gomme contre son carnet, en contemplant ce  joli désastre. « J’étais un peu dans le chemin, j’aurais pas du me mettre là c’est pas… grave. » non ce n’est pas la fin du monde, mais il aurait préféré que ça lui arrive quand il était encore au croquis.
 

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