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 Un dimanche au bord de l'eau -ft-Jamesina

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Simon Shrewsbury
Simon Shrewsbury
Le petit nouveau
◆ Date d'inscription : 21/07/2020
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Un dimanche au bord de l'eau -ft-Jamesina   Un dimanche au bord de l'eau -ft-Jamesina EmptyVen 7 Aoû - 20:30

Un dimanche au bord de l'eau



Le temps était agréablement nuageux : doux, avec une brise légère. Bref, un temps à aller dehors et profiter du soleil délicieusement timide. Surtout que c’était dimanche, que diable ! Simon avait donc proposé à Jamesina un pique nique au bord de l’eau. Elle avait fignolé les dernières épreuves de son futur livre, et Simon avait promis de jeter un coup d’oeil, comme il le faisait chaque fois. Et rien n'interdisait de le faire assis dans l’herbe, hum ?
Il était passé la chercher à la fermeture de sa boutique de fleurs. Elle n’avait à s’occuper de rien. Simon avait commandé chez le traiteur avant, et tout était prêt. La nappe, les coussins, le panier en osier...Tout ça dans le coffre de la voiture.
Ils avaient trouvé un endroit approprié au bord d’un étang, loin de la foule : personne ne devait avoir vent de l’activité seconde de Jamesina, et Simon aurait préféré s’arracher la langue que de trahir le secret de son amie. Il faisait partie des privilégiés à être au courant, et comptait bien faire montre d’une impeccable loyauté. Elle le méritait cent fois.
Bref, ils avaient grignoté tout en devisant gaiement. Ils en étaient au thé, servi dans des tasses en porcelaine (car d’après Simon, ce n’était pas parce qu’on pique niquait qu’il fallait sortir ces horreurs en plastique). Simon avait défait sa veste, était en bras de chemise remontée jusqu’au coude et avait défait même le deuxième bouton du haut. Fallait-il que ce soit dimanche et qu’il soit avec Jamesina pour qu’il soit ainsi négligé. Il était en pantalon de coton beige. Hors de question de porter un bermuda, c’était bon pour les gamins et les explorateurs en Afrique. Et même si quelquefois l’Ecosse pouvait lui faire l’effet d’une terre étrangère, il était peu probable qu’ils se fassent attaquer par un gnou ou qu’ils marchent dans de la bouse d’éléphant.

Simon s’était adossé contre un arbre et sirotait son thé. Il observait Jamesina en souriant. La timide jeune fille qui avait passé la porte de sa librairie, il y avait cinq ans de cela, s’était mué en délicieuse jeune femme. Il s’en souvenait comme si c’était hier. Il avait ouvert depuis peu, c’était en février. Une enfant à queue de cheval rousse, à moitié cachée par une volumineuse écharpe bleue, lui avait tendu un exemplaire de “Pride and Préjudice” en lui demandant si il n’en avait pas d’autres de cet auteur. Qu’une jeune fille puisse aspirer après la plume délicate et fine de Jane Austen, en cet vingt et unième siècle, avait quelque chose de réconfortant. Bien sûr qu’il en avait d’autres, bien sûr qu’ils avaient discuté avec enthousiasme. Et il avait fini par lui prêter ses propres exemplaires d’”Emma”, “Northanger Abbey” et surtout “Sense and Sensibility”, que Simon considérait comme un chef d’oeuvre. De là, ils avaient glissé vers les soeurs Brontë, jusqu’à Henry James, que Simon affectionnait. Ils s’étaient trouvés dans la littérature. Simon adorait voir l'émerveillement s’éveiller dans les prunelles de Jamesina. Et l’avidité d’apprendre, de découvrir, était aussi doux que le miel pour lui. La jeune Clyde était devenue une habituée de la boutique, et il n’était pas rare qu’ils passent de longues heures à converser. Si Simon se livrait peu, par pudeur et amour de la discrétion, il appréhendait par petites touches la vie de sa jeune comparse. Ses doutes, l’attitude infecte de sa mère, l’indifférence de sa sœur, l’amour pour son père… Ainsi, elle révélait des traits de son caractère : son étonnant courage, sa volonté douce, sa gaieté constante, la vivacité de son esprit. Toutes ces qualités qui ne faisaient plus recette mais que Simon appréciait en connaisseur. Jamesina détonnait de toutes les façons possibles au milieu de fades lycéennes. Elle en souffrait, à l’époque, évidemment. Elle ne pouvait savoir, la pauvrette, que ce serait au final, sa plus grande force et que ces traits de personnalité Ô combien particuliers avaient l’avantage de faire fuir les sots. Simon savait à quel point nos semblables peuvent être cruels, il en avait fait la douloureuse expérience au même âge, aussi avait-il fait en sorte que le “Shakespeare’s corner” soit le havre de paix de la jeune fille, scellant ainsi une affection qui perdurait inévitablement. Il est si doux d’être compris en ce monde.


Et puis, un jour, elle était venue lui présenter son propre ouvrage, toute hésitante. Simon n’avait jamais été plus fier que ce jour-là. C’est à partir de ce moment que Jamesina devint sa fille spirituelle pour de bon.
 La qualité de la prose était là, le style aussi. L’histoire était encore maladroite, et il fallut l’aider à retravailler, évidemment. Mais tout le potentiel était là. C’est Simon qui la poussa à envoyer son manuscrit et il ne fut pas surpris qu’une grande maison d’édition la signe. Ce fut un succès quasi immédiat, qui ne se démentait plus depuis. Si elle avait voulu, Jamesina aurait pu être célèbre. Elle était riche mais n’avait rien changé à sa vie, tenant toujours à son métier de fleuriste. Simon ne se l’expliquait pas, par contre. Sina (comme il l’appelait affectueusement) méritait mieux que cette vie simple. Elle pouvait parcourir le monde, vivre largement, rencontrer des gens formidables et au lieu de ça, elle restait à Hashford Hill. Non, Simon n’arrivait pas à comprendre. Oh, il aurait pu s’en réjouir, égoïstement. Après tout, il continuait ainsi à profiter de l’agréable présence de la jeune femme. Mais ce n’était pas comme ça qu’il aimait, Simon Shrewsbury : il pensait d’abord au bonheur des autres avant le sien. Et au fond, à ce moment de leur relation, sa plus grande crainte était que Jamesina rate sa vie comme il était en train de rater la sienne.

”Je voudrais bien un peu plus de thé, s’il te plait”. Simon tendait sa tasse, l’air faussement malheureux. “Maintenant, je souhaiterais bien que tu parles de ton nouveau livre. Et précisément. Racontes moi une jolie histoire, s’il te plait, Sina.” dit-il, avec un sourire malicieux.  


Le soleil jouait dans les mèches de Jamesina, les rendant pareilles à des flammes voletantes. Le contraste avec sa peau de lait aurait pu la consacrer muse d’un peintre préraphaélite. Simon eut un petit pincement au cœur. Et dire qu’elle ne se trouvait pas jolie ! Sottise ! Elle avait la beauté atypique des nobles dames de la Renaissance. En un autre temps, c’est à ses pieds que Botticelli se serait fait enterrer.

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